La Rencontre...
Tout débute au printemps 2005. Je tombe sur une annonce dans un journal local : "Vends matra Bagheera roulante, avec pièces, carrosserie à revoir..."

J'ai un souvenir assez flatteur de ce véhicule à vocation sportif de trois places frontales et surtout avec des phares escamotables, et puis c'est de marque Talbot Matra, un nom qui sonne dans mon esprit, me rappelant mes années de course de compétition en course de cote avec une RALLYE 3.

Je me rends sur place, la voiture se trouvant à 10 kms de mon domicile. Hélas ce que je redoutais arriva ! La Bagh était comme on les connaît trop souvent, c'est à dire rouillée, trouée, longerons coupés. Je rentre à la maison amer et déçu, non sans me souvenir en route que Matra à commercialisé des Murena et qu' un copain sur les années 90/ 91 en avait une et me faisait part à cette époque des problèmes mécanique qu'il rencontrait concernant le grippage des étriers de frein, les phares refusant de s'escamoter et d'autres anecdotes...

 
 Le Choix

Ma décision est prise, je vais en acheter une. Modèle 1L6 ou 2L2 ? je n'en sais rien encore, mais je me dis au passage, que si je peux me faire quelque chose de sympa et éventuellement qui "marche fort" pourquoi pas... Ca me rappellera mes jeunes années en Simca Rallye.

La longue consultation des annonces, puis du site de Matra Passion pour avoir des infos commence... Je salue également au passage le formidable travail d'André DEWAEL sur son site "Murena, la dernière sportive de Matra".

Mon regard accroche une annonce dans la Vienne à proximité de Poitiers."Vends Matra Muréna 2.2 L, moteur neuf à roder, peinture neuve, dernier CT ok, très bon état". J'appelle et le vendeur me confirme le descriptif et me garantit son état. Je décide de me déplacer pour aller la voir.

Sur place, je me rends compte que le véhicule claque à froid, qu'il à été accidenté à l'arrière gauche, que le CT mentionne une usure des disques, un soufflet de cardan percé et d'autres choses, sans oublier une fuite d'eau par le pare brise. Je n'achète pas ce véhicule au prix proposé et la négociation échoue. Je fais grise mine car je viens de faire 600 Km aller retour dans l'après midi pour rien.

Trois ou quatre semaines se passent, me permettant de me renseigner un peu plus sur l'histoire de la murena, sa mécanique, ses points faibles et autres. Je consulte les annonces sur le site Matra Passion. La plupart des voitures sont vendues mais un soir je tombe en arrêt sur une annonce proposant une 2.2l avec kit carbu webers, pot Devil 4 dans 1, amortisseurs Spax, jantes OZ freins refaits à neuf, diverses pièces dont une culasse.

Je téléphone, la voiture est libre et ne roule plus depuis quelques mois, elle est visible dans le 91. Je me déplace pour la voir, je fais un bref essai de fonctionnement de la voiture dans une cour d'immeuble pour vérifier que la boite ne craque pas et que la mécanique tourne. Je fais affaire avec le vendeur qui la vends sans le CT. Le prix est de 2000 Euros. De retour à la maison, le démontage commence avec son lot de surprises dont une de taille !

 
 Les Découvertes

La Murena vue de face et de dessous une fois ramenée de la région parisienne. On aperçoit le mauvais état du à un stationnement trop prolongé dans un box à proximité d'une rivière. Tout est rouillé et doit être démonté, décapé, traité contre la rouille, et repeint. Les freins qui avaient été remis à neuf à l'époque doivent être entièrement refaits.

Mais la plus grosse surprise, c'est le support moteur qui est fixé sur le panneau du coffre arrière : Il est arraché de la caisse...

Le support moteur arraché de la caisse, un cas assez rarissime paraît-il sur les Muréna.

Heureusement, un excellent carrossier va me ressouder l'ensemble et le renforcer, ce qui n'est pas si mal compte tenu de la mécanique qui va équiper la voiture. Le vendeur, semble t-il non informé de cet état, me reversera 500 Euros pour les réparations.

 
 La Restauration
Le master-vac, le maître cylindre de frein, et l'émetteur d'embrayage sont démontés pour révision.

En bon état de fonctionnement, ils seront traités contre la rouille et repeints en noir mat. Le pot à dépression pour les phares subira le même traitement, tout comme la tôle de séparation se trouvant entre ces éléments et l'habitacle.

L'ensemble est remonté sur la caisse avec un maître cylindre d'embrayage neuf, lequel était en trop mauvais état. Je lui adjoindrais également un récepteur neuf.

Les triangles inférieurs, et les moyeux de roues avant sont décapés, traités, et repeints en noir mat. Des silentblocs de barre stabilisatrice neufs sont montés, toutes les rotules des demi-trains sont également neuves.

Quatre amortisseurs à gaz neufs réglables de marque Spax devraient assurer un bon amortissement du véhicule.

Bien que moins fragiles que sur la 1L6, les bras arrières de la Muréna méritent une attention toute particulière.

Les miens ont été poncés à l'aide d'une brosse métallique sur une perceuse jusqu'à la tôle, contrôlés et refait. Pour ce faire j'ai percé un trou de 10 mm au plus prêt du point bas vers le moyeu. J'ai sorti à l'aide d'une soufflette les particules de rouille de l'intérieur des bras, puis j'ai bouché au Sinto-Fer tous les trous existants d'évacuation de l'eau. J'ai rempli à l'aide d'une seringue le bras d'un destructeur de rouille, puis je l'ai secoué pour répartir le produit uniformément à l'intérieur. J'ai vidé le surplus et laissé sécher pendant 24 heures.

Ensuite j'ai recommencé la même opération avec une cire pour corps creux. Pour terminer les bras ont reçu sur l'extérieur deux couches de peinture anti-rouille noir mat avec des silentblocs neufs.

Les disques de freins étaient neufs lors de l'achat de la voiture. Ils ont été faits sur mesure pour l'arrière en Italie chez TARONI à Milan par l'intermédiaire d'ORECA. Ils sont striés pour permettre un bon refroidissement.

Les quatre étriers de frein bien qu'ayant été refait à neuf étaient grippés. Je les ai démontés entièrement. Après avoir sorti le piston à l'aide d'air comprimé entré par une purge, l'intérieur du logement du piston à été légèrement déglacé au papier à poncer de type P600 avec du WD 40.

Attention on ne touche pas au piston. Si celui-ci est piqué il faut le changer. Des joints neufs sont montés avec des flexibles de type aviation en inox. Je me suis risqué lors de cette opération à démonter sur les étriers arrière le mécanisme du frein à main. Je m'en souviens encore tellement j'ai peiné à le remonter. Il faut comprimer "les rondelles Bellevilles" pour emmancher l'axe de maintien du levier de frein sur une clavette. Ne se risquer à cette opération que si on dispose de l'appareil de compression ou alors en bidouiller un comme je l'ai fait pour le remontage qui s'avérait impossible sans cela.

Pour purger les étriers comme il faut, veiller au remontage à orienter dans le bon sens les rainures sur les pistons (le petit trait au plus prêt de la vis de purge du haut). Ne pas oublier de les pré-remplir avec du Lockeed DOT 5 par une vis de purge avec une seringue.
Toutes les plaquettes remontées sont neuves.

Les belles jantes OZ racing F1 en 7x15 pouces. La hauteur de la taille des flancs des pneus à été diminuée pour rester dans la même démultiplication qu'avec des jantes de 14.

 
 Le Moteur

C'est sans prétention que j'ai décidé de préparer cette groupe 4 Muréna. Je suis seulement un amoureux des belles mécaniques et voitures sportives d'époque qui nous faisaient parfois rêver sur des rallyes, des courses de cotes, ou autre.

J'ai fais cette préparation avec les informations que j'ai pu récolter ici ou là sur des revues mais aussi et surtout auprès de personnes qui à l'époque ont connus cette voiture. Il est vrai que les puristes pourront trouver à redire, mais je suis preneur des infos pour améliorer la voiture. Je sais que je ne serais pas tout à fait dans l'exactitude puisque j'ai décidé de garder le véhicule en vert hudson mais avec une déco dans le même style que la groupe 4 qui existait.

Dans cette préparation je ne fais pas la course aux chevaux sur le papier. J'ai lu que la groupe 4 existait avec deux puissances une à 200 cv, et une version à 180 cv environ qui est celle dont je pense disposer.

La version 200 cv possédait en plus un réalésage du bloc avec des culbuteurs "à galets ". En ce qui me concerne, j'ai du faire réaléser le bloc pour des questions d'usure, mais les culbuteurs sont comme à l'origine. Vous découvrirez au fil des photos l'évolution de la préparation avec ce qui a été fait. Puisse cette humble contribution vous donner des conseils, ou des informations. Dans tous les cas, mon souhait est de vous en faire profiter...

La culasse à été surfacée et les chambres de combustion équilibrées.

Les conduits ont tous été agrandis et polis. Au fond derrière la soupape et le guide bronze on peut s'apercevoir que les épaulements des sièges ont été carrottés pour optimiser le passage de l'air d'admission.

Les ressorts de soupapes sont neufs mais il n'a pas été privilégié d'en monter des doubles pour éviter une usure trop rapide de l'AAC qui a une levée de 10.68 à la soupape.

Les pistons sont en acier forgé c'est une entorse à une préparation groupe 4 qui normalement n'avait que les pistons d'origine. Les empreintes de soupapes ont été creusées d'un mm de plus que la normale pour leur levée.

Les bielles sont baguées bronze. On peut apercevoir les traces d'usinage sur le pied suite à l'équilibrage des bielles entres elles, puis ensuite à la mise au poids avec les pistons. L'ensemble est équilibré au gramme prés.

Les fûts du bloc ont été réalésés à la cote de 92,10. Attention, les pistons forgés ayant une dilatation plus importante que ceux d'origine, il a été laissé en prévision entre 8 et 9 centièmes de jeu en accord avec le fabricant des pistons et l'usineur. Un jeu moins important pourrait entraîner un serrage du moteur. Le dessus du bloc a été légèrement surfacé lui aussi.

Le volant moteur à 7 trous est allégé, équilibré avec le vilebrequin et le mécanisme d'embrayage qui est renforcé et de marque SACHS.

La pipe d'admission a été alésée et polie au diamètre des carburateurs, des webers de 45 DCOE. Des boîtes à air inox de marque Maurelec devraient assurer une bonne filtration. Les carbus ont été busés spécifiquement en fonction de l'AAC, soit : buses de 36 mm, tube émulsion F9, gicleur principal de 152, d'automaticité de 200, de reprise de 35, et de ralenti de 55f8. Hauteur de cuve à régler entre 6.5 et 7 mm.

 
 L'intérieur

Les housses de siège ont été démontées, lavées, et pour une seule raccommodée. Elle était déchirée au niveau de l'appui tête passager, un mal caractéristique de la Muréna.

Pour éviter cette tension de la housse sur le siège j'ai très légèrement calé l'assise du siège avec des morceaux de polystyrène pour éviter qu'il ne s'affaisse et de ce fait tende le dossier.

Au démontage il faut bien repérer les boutons car ils sont de longueur différente. Pour les remettre j'ai attaché leur extrémité à un fil et une aiguille de cordonnier, et traversé la mousse en tirant jusqu'à faire apparaître la tige du bouton. Ensuite il suffit de le clipser avec des rondelles neuves.

Les montant de pare brise étaient détruits par le temps. Après en avoir trouvé un neuf chez HB pièces, j'ai confectionné celui introuvable en fibre de verre. Le remontage et le positionnement se sont fait sans difficultés majeures.

A SUIVRE TRÉS PROCHAINEMENT !